2017 Année sèche ?
Année de transit... la sécheresse impose la dormance. Les pensées s'entrechoquent au jardin. Entre l'implantation, la levée et la récolte... Beaucoup d'hésitations.
Juillet 2017... le jardin a soif !
Avec l'âge qui kidnappe une part de moi. Le temps atteint un degré élevé. Sécheresse dans mes ardeurs qui induit une certaine souffrance interne. Comme les plantes, la sécheresse impose la rétractation.
C'est un peu le climat de cette année 2017.
Dans le vif, les choses ont commencé plutôt froidement. Une sortie d'hiver longue et froide. Un début de printemps gelé. Semis tardifs en serre froide et mulots affamés. J'ai du recommencer plusieurs fois les semis en terrine. L'implantation au jardin s'est fait tard avec une couverture nécessaire d'un voile anti-gel !
Pour les vivaces, ce fut dur aussi. Avril tempéré a vu sortir les feuilles puis les gelées ont tout brûlé. J'ai tout coupé fin mai. En juin, nous sommes passés brutalement en été. La température a tant grimpé que les tiges sont sorties avant les feuilles presque... Et la floraison est arrivée trop tôt. Beaucoup de fleurs, petites, pressées d'accomplir leur destinée. Une belle saison de Coquelicots !
La pluie s'est fait rare et la sécheresse s'est installée durablement. L'arrosage est compliqué dans le jardin libre. Je ne suis pas du genre à imposer une discipline.
Les plantes s'implantent par instinct, et moi, plutôt instinctive, je m'accorde avec ça plutôt bien. C'est plutôt la plante et le sol qui gèrent !
Le jardin n'a pas reçu beaucoup de visites pendant cette période estivale. Trop chaud, pas beaucoup d'ombre, beaucoup de travail. Les séchoirs se sont remplis et vidés à vive allure. Récolte "à fond", remplissage maximum, séchage rapide, conditionnement sans émondage. Tout s'est bien enchaîné sans économie d'énergie humaine mais avec une grande efficacité énergétique solaire ! Si la quantité fut moindre, la qualité était là. Je vais peut-être pouvoir rivaliser avec les biotopes provençales !
Qui parie sur les récoltes de cette année ?
Et bien, c'est aux environs de 200 kg de plantes sèches récoltées. Comment ai-je fait ? Toujours 2 bras, 2 jambes (ouf !). Le changement climatique fait réfléchir. Compter sur l'intensivité de ses pratiques devient dangereux. La nature !!
Depuis plusieurs années, je m'aperçois que les saisons ne sont plus celles de mon enfance. Moins marquées. Plutôt 3 saisons que 4. Modification du temps plus extrême. Les écarts de températures peuvent varier de 10 à 20°C en quelques heures ! Périodes de sécheresse, ou pluviométrie excessive... Nous basculons sans cesse vers des extrêmes.
Pour mon territoire, cela implique une adaptation "long terme". Gérer le quotidien en misant sur la durée. J'ai donc ouvert une nouvelle parcelle, non pas pour produire plus, mais pour produire de manière extensive. Plus d'espace pour le même rendement. Si la plante diminue sa surface et sa hauteur. Moi, j'augmente la surface d'accueil et j'imagine un jardin paysager. Les espèces se côtoyant par altérité. Jeux entre espèces, dimensions, couleurs, parfums. Tout le monde est gagnant !
Entr'aide assurée très pertinente avec la faune, microfaune (Insectes volants, rampants, mulots, chats sauvages ou renards, oiseaux... Le jardin devient une grande maison ouverte où tout le monde s'invite à la table de terre ! Nous partageons la ressource en s'associant de manière implicite. Petit à petit, je sens que je perds cette enveloppe encombrante de prédateur ! (quelle avancée !) Nous nous observons. Je crois qu'ils commencent à comprendre que je suis de "leur espèce"...
Voilà pour le grand côté "terrain". Vivre là, c'est VIVRE.
Mon coeur actif se partage en deux moments dans l'année. Un peu comme le végétal, à la différence est que la période de dormance vécue par celui-ci ne l'est pas pour moi !
C'est le moment de conditionner et d'effectuer les transformations nécessaires. Macérations, Distillations, Emondage, Moulinage pour "cuisiner" les plantes. Associer les principes actifs avec différents solvants : Alcool, Vinaigre de cidre, Cire d'abeille, Beurre de Karité demandent une certaine organisation et beaucoup de rigueur.
C'est plus de 130 références conditionnées à partir de ma production ! C'est beaucoup. Pour vous dire que je ne me repose pas beaucoup en période hivernale et que ça me parait très long d'autant que je ne marche plus sur terre ... Je me dois d'obéir à des règles qui ne coïncident pas toujours avec mes convictions profondes. Parfois, je me sens loin de mon jardin et l'hiver est une période qui peut me rendre triste.
Côté investissements matériels : j'ai investi dans un petit alambic en cuivre 50 LITRES (un peu échaudée avec le vendeur qui profite des savoirs faire d'artisans portugais et espagnols ... Si vous désirez en savoir plus, me contacter !). Il est arrivé en fin d'été avec péripéties. C'est Patrick, un assidu du jardin d'even qui est venu m'aider à l'installer. Je distille 5 plantes : Livèche, Bleuet, Origan, Hysope, Achillée. Je ne produis pas d'huile essentielle, mais de l'hydrolat. C'est une découverte pour moi qui me ravit. Je suis encore loin d'atteindre l'horizon des plantes ! Quel voyage !!
Malgré cet élan qui m'habite à découvrir sans cesse, je me sens limitée. Les frontières s'imposent et parfois, j'ose les franchir avec conscience et cela m'irrite beaucoup. La poussée organique me propulse hors du champ des "possibles". Si j'aspire à transmettre, à construire encore et encore. Je ne peux pas décider.
Pour mieux comprendre ce que je vis, je fais réaliser une vidéo par Jon Pitre. Outre ma recherche de finances pour abriter et légitimer mon travail, je cherche à vous "toucher". Comment sortir de l'ornière ? Comment s'organiser ? Comment s'associer et faire ensemble ? Je sème au vol des graines ! Comme un ballon lâchée dans les airs, comme une bouteille jetée à la mer ... Je cherche des êtres humains sensibles qui les ramasseront pour mettre en terre !
Voilà pourquoi cette année fut sèche ! Ca n'a rien empêché de la floraison, des montées en graines, des coups de vents. Si les conditions extérieures sont difficiles, la maturation n'a pas besoin de moyens. Elle se génère dans le terreau des aléas. Du coup, j'attends le printemps avec ferveur, entrain et beaucoup d'espoir. C'est la vertu du printemps qui renouvelle les résistances, le pouvoir de vivre.