2024 - Le chemin de plus en plus sinueux

2024- Le Soleil est derrière les nuages, des nuages plein qui craquent de pleurs...

Après une année plutôt grise, c'est un printemps pluvieux plombant et froid qui ne réchauffe personne. Dans la boutique des herbes, défile une clientèle désabusée qui, à force de chercher la lumière du soleil, se fatigue et se résigne. Comment faire pour sortir de l'ornière ?

J'ai démarré la marche dans les herbages dés l'automne 2023, une heure à l'orée du jour, m'amusant de découvertes qu'offrent les anfractuosités des prairies dans les intempéries. Sentir le poids du corps à la pose des pieds et le mouvement de tous les muscles. C'est une heure quotidienne d'aventures de sensations. C'est toujours minimaliste comme phénoménale. Je plonge dans un environnement que je crois connaître depuis 25 ans ! La marche n'est jamais la même, les appuis, la vitesse, les éléments, les rencontres... Impossible de vous raconter ce que je vis... Et comme le hasard, je tombe sur un poème de Antonio MACHADO : Le chemin se fait en marchant... C'est donc mon mantra...

Comme vous le savez depuis que vous me lisez, je suis une solitaire. J'aime jouir de tout l'espace qu'il m'est possible de ressentir. L'année 2024 vient de se terminer, avec tout son paquet d'incohérence sociale. Je peux comprendre certaines choses, mais je reste abasourdie par ce qui me semble absurde face à la VIE.

Dans mes jardins que je cultive "à ma manière", j'y passe de longues heures dans de longues journées. L'âge m'apprend plus de lenteur mais "le rendement" doit toujours être plus fort pour faire face aux dépenses générées par le droit de travailler. Il faut "être compétitif" - Et bien, je n'y arrive pas. Je n'ai jamais apprécié la compétition, je me suis toujours mise "en dehors" restant à la marge de ce fléau.

Je veux juste me sentir utile, et pour ça il faut toujours acquérir des savoirs indispensables. Il est de fait, je ne suis pas originale, juste quelque peu anachronique... Comme dit le poète "jamais je n'ai cherché la gloire..."

Et alors, comment s'est passée l'année culturale ? Ce fut assez difficile, un travail bien physique entre la taille des arbres, les éclaircies des taillis et des arbustes, l'aération des massifs de vivaces... et la germination compliquée d'un printemps froid et certainement d'une semence "pas top"

J'ai du faire face pour la première fois à un parasitage important des massifs de Rosa gallica, la Rose de Provins... avec la tordeuse ! Elle m'a donné du fil à retordre ! Une récolte désastreuse, un travail important et manuel qui, j'espère, portera ses fruits pour 2025... J'y travaille encore en créant des espaces vides, des tailles importantes, et des mises à nu du sol pour profiter du gel. On verra, suite au prochain épisode !

J'ai du refaire des semis tardifs car les mini-escargots se planquaient la nuit dans la serre... Ils ont mangé pas mal de Lamiacées annuelles (Agastache, Perilla, dracocéphale... ) Elles ne sont pas majeures dans mes tisanes, mais elles offrent des avantages organoleptiques à mes préparations sans en diminuer l'objectif.

Toutes mes plantations sont situées sur les "plateaux" de mon espace herbager et l'aération précoce des massifs a bien aidé aux récoltes. Hormis la tordeuse du rosier, je n'ai pas eu de problème de limaces, de maladies cryptogamiques ou de parasitisme (pucerons, méligèthes, cryocères, altises...) Je m'en sors bien sans aucun traitement d'aucune sorte. Ce sont les aménagements qui font la différence, juste une question de bon sens et de connaissance de son terrain. Grosse faute cependant en ce qui concerna la tordeuse... Je crois bien que je l'ai cherché ! L'intensité des massifs a invité le phénomène ! Ca faisait plus de 10 ans que les cultures sont en place et le travail insuffisant.

Au moins, j'ai compris la leçon... Avec les plantes, faut la symbiose, en tant que jardinière, c'est la place du milieu.

Bon, saison humide et grise... Les conséquences : le séchoir ! Le déshumidificateur a tourné tous les jours, toutes les nuits mais le compteur aussi ! Fichu compteur, pour résorber les coûts, ce fut coton...

Mais aussi les macérations solaires... ha ! quand le soleil est absent ou que son apparition est fugace... Vous imaginez les répercussions : j'ai du regrouper sur des temps courts et finir en bain-marie...

Et les récoltes ? Entre les averses et les floraisons difficiles... Quand les rayons arrivent, vous avez intérêt à courir vite, et être très précise ! Car les plantes sont opportunistes ! C'est "toutes" en même temps !

Qu'est-ce qu'on s'amuse ! et quelle joie nous offre ce métier en gratitudes, car c'est avec persévérance que le panier se remplit et avec synchronisation ! C'est un pari renouvelé ! Qu'est ce que j'aime ce jeu : je ne me bats qu'avec moi-même tout en jouant avec les plantes !

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Je vieillis, je suis plus lente, le temps s'étire... J'ai arrêté les marchés mensuels, ça m'usait sans aucun avantage... je perds une clientèle boutique, les gens font des choix économiques et c'est compréhensible. Des magasins ferment aussi. Des commandes moins importantes. Une e.boutique qui ne fait plus recette... c'est une vieille boutique comme moi... je ne change pas la vitrine ! C'était bien hier, pourquoi ça ne l'est plus ?

Chacun sa réflexion. Je suis ce que je suis, je dis ce que je fais, je fais ce que je dis. L'époque a changé, mais je ne vois plus les progrès. Suis-je aveugle à ce point ?

Maintenant j'ai envie de prendre ma retraite, je continuerai à être active toujours proche des plantes, du sol et des nuages. Renifler l'air et voyager sur le dos des Buses, sur ce vol silencieux et plein de grâce. Je serai encore là l'année prochaine... Et peut être encore l'année d'après car... je ne fais pas ce que je veux et le monde agricole est archi-complexe ... (si je vous dis SAFER - CDOA - PAIT... ca vous dit quoi ? )

Pour le moment, c'est l'hiver, et je circule sur le chemin de la VAE mis en place par la FEDERATION DES PAYSANS HERBORISTES ! Quelle belle route, tout de même !

SylvieN